Hélène Dion

Hélène Dion
Sommelière conseil
Université du vin Suze-la-Rousse
Journaliste, Courrier de Saint-Hyacinthe – www.lecourrier.qc.ca
hdion@lecourrier.qc.ca

Le nom du Groupement Renaissance des Appellations est sans équivoque. Les producteurs qui en font partie revisitent l'appellation d'origine contrôlée et lui font reprendre des forces. En fait, ils la font renaître.

Essentiellement, l'agriculture en biodynamie se différencie de l'agriculture biologique par l'ajout de préparats à la vigne. Une faible quantité de ces préparats réussit, selon le fondateur du groupement international, Nicolas Joly, à rehausser la complexité d'un vin et de plus, à extraire les qualités propres au terroir.


Tel l'ADN chez l'humain, l'addition des facteurs d'un terroir (chaleur, luminosité, hydrométrie et géologie) ne se retrouve pas à deux endroits sur terre. C'est cette singularité que la biodynamie souligne en laissant les éléments de la nature faire leur travail. L'humain est « à l'écoute de l'environnement » et non son fabricant.
Les traitements chimiques réduisent la capacité de la vigne à recevoir l'énergie solaire par les feuilles et la vie du sol par les racines. Par l'utilisation de traitements chimiques et autres ajouts artificiels tout au long du processus d'élaboration du vin, il y aurait usurpation du terme AOC.

Si l'influence des planètes, des constellations, de la lune et du soleil, est prise en considération, elle ne constitue pas l'essentiel du discours de M. Joly.

Le secret des préparats
En partant du principe que la nature fait partie d'un monde vibratoire et que son fruit (toute culture) est le résultat d'une somme de fréquences, les agriculteurs en biodynamie tentent de canaliser ces « fréquences » par les préparats. Indispensables à la vie d'une plante, ceux-ci agissent en relais et favorisent le phénomène de la photosynthèse. Comme exemple, Nicolas Joly fait le parallèle avec le quartz qui réussit en petite quantité à faire fonctionner une montre. « Pourquoi le préparat à base de quartz en biodynamie n'accélèrerait-il pas la photosynthèse? Pourquoi les préparats destinés au sol n'accélèreraient-ils pas la mycorhize? C'est-à-dire le lien des racines au sol... »

Deux vecteurs et une charte
Le sol et les feuilles sont les deux vecteurs essentiels à la canalisation des ressources et des richesses du sous-sol et celles du climat. Pour bien capter toutes les subtilités de son terroir, la vigne doit pouvoir absorber la vie du sol et la photosynthèse du soleil.

En pulvérisant les feuilles de vignes de produits chimiques, afin de les préserver des maladies, le processus de photosynthèse se trouve handicapé. Il s'agit pourtant d'une étape primordiale pour le développement maximal de la couleur, des sucres et de l'alcool. Selon M. Joly, la maladie est, de toute évidence, le résultat logique d'une mauvaise santé de la vigne. La solution? Redonner la force et l'énergie à la plante et la remettre en santé. « Chaque traitement supplémentaire nécessaire à la domination des maladies amènera de plus grands affaiblissements qui eux-mêmes génèreront plus de traitements. » En partant d'une agriculture saine et respectueuse de l'environnement, les interventions de l'homme au vignoble et en cave deviennent futiles. « Le vin garde alors son goût d'origine et sa capacité de vieillissement. »

Pour mener à bien la philosophie de la biodynamie, une charte de qualité a été élaborée. Trois « stades » ont été reconnus pour permettre à une AOC de s'exprimer pleinement.

Le premier stade comprend l'exclusion totale de désherbants, d'engrais chimiques, de levures exogènes OGM ou aromatiques et l'apport de compost et l'utilisation de produits naturels pour lutter contre les maladies et ce, depuis au moins trois ans sur l'ensemble de la propriété.

Le deuxième stade est la suite logique de la philosophie biodynamie. Les vendanges sont manuelles et effectuées en plusieurs passages si la qualité du raisin l'exige; fermentation naturelle sans ajout d'enzymes, de bactéries ou de produit issus d'une chimie de synthèse; exclusion d'additifs aromatiques; utilisation de levures indigènes du vignoble; accroissement de la biodiversité par la sélection manuelle des futurs plants.

Le troisième stade prévoit les aléas des conditions climatiques qui ont un effet différent sur la finalité du vin, selon l'année. La teneur en acide ou en sucre naturels ne doit pas être augmentée par des méthodes d'acidification ou de chaptalisation et aucun collage, aucune filtration stérile et aucune irrigation n'est tolérée.

« Notre but est aussi de redonner aux AOC leur pleine signification, en France comme ailleurs, et donc de s'affranchir d'une concurrence que la technologie a considérablement amplifiée par son atypicité », écrit M. Joly.

Vin en biodynamie dégusté pour vous...
La Chapelle de Romanin 2002
Les Baux de Provence
Région/pays : Provence/France
Cépages : syrah, grenache, cabernet sauvignon, mourvèdre, carignan, cinsault et counoise
Pourcentage d'alcool : 12,5 %
Prix : 23,55 $
Classification : appellation d'origine contrôlée
Producteur : Château Romanin
Code SAQ : 914515
Le Château Romanin sait tirer, année après année, le maximum de ce que son terroir a à offrir. D'un assemblage réussi de cépages du midi, il en résulte un vin suave et charmeur par ses arômes de réglisse, de fruits et de violette. Une bonne attaque en bouche s'allonge sur un ensemble harmonieux, sans accrocs avec des tanins enveloppants. Un vin tendre, mais fougueux, à servir sur un féta provençal enfourné avec ses herbes. Servir à 17° C.

Autres domaines produisant des vins en biodynamie, que l'on retrouve en succursale SAQ : Alvaro Palacios, Château Le Puy, Domaine Tissot, Domaine Cazes, Coulée de Serrant, Château Romanin, Montirius.