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Il y a les universités Coca-Cola et les universités Pepsi. Dans une université Pepsi, on boit des produits Pepsi. Pas autre chose. Le café étudiant du Département de nutrition de l’Université de Montréal vendait jusqu’à récemment du Rise Kombucha.

Cette boisson gazeuse embouteillée dans l’arrondissement Saint-Léonard, dans l’est de Montréal, est très populaire chez les étudiants.


Il s’agit d’un thé fermenté légèrement sucré, fait à base de levures et de bactéries qui lui donnent un goût un peu acidulé. C’est un produit local décrit comme biologique et équitable. Le Rise Kombucha était apprécié au café étudiant du Département de nutrition.

Mais ce produit n’est plus offert depuis deux semaines. Un représentant de Pepsi a demandé au café Nutribar de cesser de vendre du Rise Kombucha. Pepsi a le contrat pour fournir en exclusivité l’Université de Montréal en boissons embouteillées. «Je suis déçue: j’étais contente d’encourager une entreprise de Montréal qui vend un produit original et biologique», dit au Devoir une cliente du café Nutribar.

Elle devra désormais boire du Pepsi, du jus, de l’eau vitaminée ou une autre boisson offerte par le géant américain. Seuls les différents produits de la marque Pepsi peuvent être vendus dans 12 des 23 cafés étudiants, à la cafétéria Chez Valère, dans une soixantaine de machines distributrices et dans cinq autres points de service ciblés, explique Geneviève O’Meara, conseillère principale aux relations avec les médias de l’Université de Montréal. Pepsi n’a pas donné suite à nos demandes d’entrevue.

10 millions sur 10 ans

Les cafés étudiants ont le choix de signer ou non l’entente avec Pepsi. Ceux qui l’ont entérinée doivent respecter une série de conditions, dont celle de ne vendre que des produits appartenant au géant américain de l’alimentation — ou des produits pour lesquels Pepsi n’offre aucun équivalent, comme du lait, par exemple.

Le café Nutribar et l’Université de Montréal y trouvent leur compte : l’entreprise verse une somme estimée à des centaines de milliers de dollars (gardée secrète) pour avoir le droit de distribuer exclusivement ses produits sur le campus. L’entente précédente, valide entre les années 1999 et 2009, prévoyait le versement de 10 millions sur 10 ans par Pepsi.

L’Université de Montréal avait poursuivi l’entreprise pour un demi-million de dollars, en 2002, parce que Pepsi refusait de payer ses redevances annuelles. La multinationale voulait renégocier l’entente commerciale: les ventes étaient inférieures aux prévisions. Pepsi comptait vendre au moins 820 000 caisses de ses produits durant le contrat, soit l’équivalent de 17 litres par étudiant par session.

Liberté de choix


Jean-Claude Moubarac, professeur au Département de nutrition de l’Université de Montréal, dénonce le contrat de distribution exclusive comme celui liant Pepsi et l’Université. Le phénomène n’est pas nouveau, mais il s’est répandu : à peu près tous les collèges et les universités en Amérique du Nord ont signé des ententes d’exclusivité avec Coca-Cola, Pepsi ou d’autres fournisseurs pour leur approvisionnement.

«Je trouve ça aberrant et inacceptable qu’une université soit tenue par ce genre de contrat, dit-il. L’industrie ne veut pas que le gouvernement brime sa liberté avec des politiques publiques en alimentation, mais le "Big Food" n’hésite pas à brimer la liberté de choix des consommateurs. »

Au-delà de la défense des consommateurs, l’expert en nutrition observe avec méfiance la présence sur le campus d’une entreprise multinationale. Il est très préoccupé par le secret entourant ces contrats dits «commerciaux».

Les ententes comportent-elles des clauses qui mettent en péril l’indépendance de la recherche? Les universités jurent que non. Il faut les croire sur parole. Tous les établissements refusent de rendre ces contrats publics.

Par principe, Jean-Claude Moubarac dit refuser toute forme de financement privé pour ses projets de recherche. Il dit recevoir une multitude d’offres de fondations appartenant à des entreprises ou à des lobbies pour mener des travaux. Une marque de vinaigrette lui a même offert un généreux contrat pour être porte-parole, ce qu’il a refusé.

«Les industries sont prêtes à nous payer pour qu’on les aide à commercialiser leurs produits. L’industrie veut qu’on mange plus, mais on mange déjà trop ! Les entreprises ont une obligation de croissance. En tant que chercheur, je m’intéresse à la santé publique», dit Jean-Claude Moubarac.

Un contenu «santé» obligatoire

En plus de l’Université de Montréal, les autres universités montréalaises ont des contrats avec Coca-Cola ou Pepsi. Les deux géants se côtoient à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Coca-Cola fournit les cafétérias en vertu d’un contrat allant de 2015 à 2019. L’entreprise Déli-Snack alimente les machines distributrices et fait affaire avec Pepsi.

Les universités McGill et Concordia ont signé des contrats exclusifs avec Coca-Cola. À Concordia, une clause du contrat (adoptée notamment sous la pression des étudiants) force l’entreprise à fournir au moins 25% de boissons décrites comme «santé», ce qui comprend l’eau vitaminée ou qui a une saveur ajoutée; l’eau de noix de coco; des boissons dont l’ingrédient principal n’est pas le sucre; les boissons sans caféine ou sans sucre ajouté.

Chaque année du contrat, la proportion de boissons « santé » doit augmenter de 3%, de sorte que cette proportion sera de 31% à compter du 1er juin 2017, souligne Christine Mota, directrice des relations avec les médias à l’Université Concordia.

Source: Le Devoir du 18 avril 2017

NOTE DE L’ÉDITEUR

L’expression «Au plus fort la poche!» est bien choisie pour ce genre de pratique, qui existe depuis des années. Autant les étudiants se plaignent qu’ils n’ont plus leur boisson Rise, qui est fabriquée à Montréal, et que Pepsi a exigé de faire sortir du campus, autant les mêmes étudiants ont un pouvoir de pression. Rien ne les oblige à boire ce que l’on leur impose!

Le hic, est que ces multinationales ont tellement de produits dérivés, que l’on ne sait plus à quel saint se vouer.

Quant à la morale dans cette histoire, c’est un point de vue, car c’est le monde de la jungle (des affaires).

Les ententes commerciales exclusives en institution sont de bonne guerre

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