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Connaissez-vous le xérès ? Peut-être moins que vous le pensez... surtout si vous ne l'avez pas porté à vos lèvres depuis des lustres. Car il change. Et pour le mieux.

Le xérès est :

1. Une liqueur de grand-mère, très sucrée.

2. Un vin sec, salin, jaune vif.

3. Un vin sec et ambré vieilli en fût de chêne plus de 30 ans.

Réponse  ? Les trois. Et la liste des réponses possibles aurait pu être allongée, la preuve est là, sur cette table massive en bois sombre d'un prestigieux vignoble de Jerez de la Frontera, dans le sud de l'Espagne.

Cinq coupes sont remplies de vins déclinant un camaïeu de couleurs tirant du jaune vif au brun chocolaté. Il faut être fin connaisseur pour se douter que le premier, très sec, presque salin, fait partie de la grande famille des xérès.

« Cela peut faire un choc, dit en souriant Daniel Martinez Becerra, de la maison Bodegas Tradicion, habitué de créer la surprise chez ses clients. On pense très souvent que le xérès, c'est seulement un vin doux servi en digestif, mais sa diversité est exceptionnelle : de l'apéro au dessert, il y a un xérès à marier avec tous les plats », dit l'expert, regardant les verres alignés devant lui, prêt à déguster un fino jaune pâle, un amontillado ambré, un oloroso cuivré et un palo cortado, un vin d'une complexité telle que le réalisateur madrilène José Luis Lopez-Linars a décidé de lui consacrer un documentaire tout entier, l'an dernier.

« Quand j'ai commencé mes recherches, c'était parce que les vins de Jerez de la Frontera me plaisaient, mais j'étais à des lieues de me douter qu'une région aussi petite pouvait avoir une histoire aussi riche. Nommez une autre région où l'on peut produire des vins aussi variés à partir d'un même type de raisin », lance le réalisateur joint dans la capitale espagnole.

Renaissance

On attribue à plusieurs facteurs la richesse du « triangle d'or » formé par les villes de Jerez de la Frontera (une belle surprise touristique), Sanlucar de Barrameda et El Puerto de Santa Maria, l'une des régions les plus viticoles d'Europe. Le climat (avec une moyenne de 3000 heures d'ensoleillement par année), le sol (fait d'« albariza », un mélange de calcaire et d'argile qui possède une excellente capacité de rétention de l'eau pour favoriser le développement racinaire des vignes) et un savoir-faire pluricentenaire.

Au XIXe siècle, les Anglais s'enamourent littéralement de ses déclinaisons les plus sucrées et propulsent les ventes de vins de xérès - on a d'ailleurs érigé à Jerez de la Frontera l'une des rares statues à Shakespeare hors d'Angleterre pour le remercier d'avoir cité à 40 reprises les xérès dans 8 pièces de théâtre.

« Dans les années 50, l'industrie viticole y représentait 5000 emplois et près de 10 % du PIB de l'Espagne », rappelle Daniel Martinez Becerra, de Bodegas Tradicion. Sauf que voilà, avec les années, le xérès s'est aussi retrouvé cantonné à cette image d'une boisson sucrée particulièrement aimée de ces dames aux cheveux d'argent : pas le meilleur filon pour assurer un bon renouvellement de la clientèle. De fil en aiguille, la production s'est effondrée dans les années 80 et plusieurs vignobles ont fermé leurs portes.

Or, « après 30 ans de baisse, les ventes recommencent enfin à croître depuis que l'approche a changé, note José Luis Lopez-Linars. Le Conseil des vins de la région de Jerez agit pour en faire découvrir la diversité au grand public ».

On a vu, aussi, divers producteurs entreprendre de produire moins pour produire mieux, comme le groupe Navarros ou la Bodegas Tradicion, laquelle a racheté à la fin des années 90 des lots de vins anciens qui ne se vendaient plus, mais qui, avec ses bons soins, ont obtenu des scores de 98, 99 et même de 100 sur l'échelle de Parker. Ou encore Lustau, où l'on produit maintenant des cuvées vieillies plus de 30 ans dans des fûts de chêne plus que centenaires.

« S'il s'agissait de vins français, ils seraient hors de prix. »

La réhabilitation récente est aussi passée par certains des plus grands restaurateurs du pays, qui l'ont intégré dans des plats recherchés, comme le Diverxo de Madrid, trois étoiles au Michelin. « En Espagne, il n'y a pas un sommelier qui se respecte qui ne sait pas comment les présenter ou qui ne le sert pas », remarque, au terme de ses recherches, José Luis Lopez-Linars.

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Au Québec, en revanche, la partie est loin d'être gagnée. Si les ventes de vins espagnols sont en hausse constante (+5 % à la SAQ l'an dernier), elle ne profite pas aux xérès, qui ont plutôt reculé de 7 %. « C'est une portion très marginale de nos ventes », dit Linda Bouchard, agente d'information de la société d'État. Deux produits représentent à eux seuls 40 % des achats : Tesoro Pale Dry Extra Sec et Harveys Bristol Cream.

Ex-sommelière du Ritz et nouvellement au Pullman, Isabel Bordeleau regrette le faible choix offert dans les succursales de la SAQ. Elle-même raffole de ces vins depuis un périple à Jerez de la Frontera, et la carte du bar à vin montréalais où elle officie en affiche régulièrement sinon systématiquement, mais s'en tient essentiellement aux importations privées : « Ce sont de grands incompris, méconnus, mais j'aime leur complexité, leur diversité, c'est ce qui les rend aussi attrayants à mes yeux. »

Dans la péninsule andalouse, le marché québécois a quelque chose d'un poil mystérieux, note Jaime Gil, du groupe José Estévez, soulignant que la SAQ ne leur achète que deux types de xérès, préparés expressément pour le marché québécois, mais qui ne sont pas, tant s'en faut, les meilleurs crus produits par la maison.

Alors que des bars à Toronto (le Raval), Boston et New York ont fait des xérès leurs chouchous de l'heure, il se fait encore discret, ici, bien qu'on en retrouve dans certains bars (les Affamés, le Lab) et restaurants espagnols, comme le Tapeo ou le Pintxo, où l'on se prépare justement à rouvrir la terrasse et remettre sur la carte le rebujito, un mélange de fino et de soda sucré, incontournable des étés andalous. Les puristes diront que le fino est meilleur nature : « c'est, déjà, un premier pas pour faire connaître les xérès et ils en ont bien besoin », remarque le chef, Alonso Ortiz.

Petit à petit...

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Source: Lou White, via La Presse du 14 avril 2017

Le xérès, cet espagnol qu'on gagne à connaître

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