18 Novembre 2014 Par Michèle Herblin

C’est dans le cadre de la Journée nationale de la philanthropie qui se tenait partout au Québec et au Canada le 13 novembre que la Fondation du Grand Montréal a rassemblé près de 400 personnes pour parler de philanthropie.

Signe des temps difficiles, les besoins sont toujours en croissance dans la région du Grand Montréal et au Québec. Certes la tradition philanthropique des Québécois demeure active et les initiatives des groupes qui viennent en aide aux plus démunis ne se font pas attendre. La Fondation en soutient quelques unes, toutes plus efficaces les unes que les autres, mais est-ce suffisant? Comment faire pour que l’aide donnée s’inscrive dans un processus de durabilité et de prise en charge des individus par eux-mêmes, dans le respect et la dignité.

Prenant la parole devant un parterre d’intervenants, de donateurs, de responsables de fondations et de représentants du secteur privé réunis pour l’occasion à l’amphithéâtre du Gesù, à Montréal, le PDG de la FGM, Yvan Gauthier, a souligné la nécessité de plus en plus quotidienne de l’action philanthropique et du mécénat. «Que seraient nos grands hôpitaux, nos grands musées, nos grandes universités sans la contribution des donateurs ? Où en serait la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale sans l’apport de tous les bénévoles qui oeuvrent au sein d’organismes pour le mieux-être de la communauté ? a-t-il lancé en saluant l’engagement citoyen de ceux qui y participent. 

De toutes les conditions sociales et de toutes les générations, 84% des Canadiens font don de leur temps, de leur expertise et de leur argent , ce qui selon les études correspond à « plus de 10 milliards $ de dons en argent et plus de 2,1 milliards d’heures de don en temps, soit l’équivalent de 1,1 million de journées de travail ». Ces chiffres sont impressionnants dans une économie dite riche!

La philanthropie est en mouvance, et les spécialistes restent prudemment optimistes…nous posons-nous les bonnes questions? Agissons-nous de façon raisonnée et avec discernement ? Où s’arrête l’action philanthropique et où commence l’aide humanitaire d’urgence? Pourquoi l’appel aux donateurs est-il à ce point crucial dans la construction d’équipements aussi fondamentaux que les hôpitaux,  les lieux de culture ou encore les lieux d’éducation ? Nos Pouvoirs Publiques sont-ils à ce point défaillants qu’ils doivent faire appel à la générosité pour se tenir debout ?

Il n’est pas une semaine que nous les restaurateurs et gens de l’agroalimentaire nous ne soyons appelés en soutien de causes ou en commandite d’événements… quand les Instances Publiques décident de couper les subventions aux banques alimentaires, le gentil citoyen est appelé à la rescousse… un cercle vicieux qui a malheureusement tendance à s’étendre à toutes sortes d’événements qui ne sont plus tout à fait des causes prioritaires et pour lesquels, bien sur, il n’existe aucun critère de mesure du rendement social de l’action ni de la bonne destination des fonds collectés.

Heureusement, tous les mouvements philanthropiques ne sont pas à mettre dans le même sac de l’imposture ou de l’inefficacité à long terme… mais posons-nous sérieusement, quand même, la question du rendement social. Peut être comprendrons-nous que l’art et la culture, ou l’éducation ou la santé ou l’agriculture ou l’environnement sont si essentiels à l’avenir de nos sociétés humaines que nous n’avons pas le droit de les soumettre uniquement aux aléas du bénévolat et de la générosité.

Tous les organismes de bienfaisance le savent et le disent : il est de plus en plus difficile de faire des levées de fonds, les citoyens ont les poches moins pleines, le plaisir de donner fait de plus en plus place à l’obligation de donner… par pure charité ou par espoir de retour en cas de pépins de vie... à moins que ça ne soit par calcul fiscal…

La philanthropie doit, à mon sens, rester un « plus », un plaisir de partager des valeurs et de contribuer au développement durable de notre communauté, mais, certainement pas le moyen de combler les manques des différents niveaux de nos Institutions Publiques.

Comme l’ont dit les organisateurs, la rencontre a également permis de faire un survol de projets inspirants soutenus par le programme de subventions communautaires de la Fondation. Les participants ont assisté aux présentations de différents acteurs et groupes d’une philanthropie en action dont, la Fondation David Suzuki, Wapikoni mobile, le Carrefour Jeunesse-Emploi de l'Ouest-de-l'Île, Logis Rose-Virginie, Pour 3 Points et La Maison bleue. Des projets inspirants qui pourtant ne représentent qu’une toute petite partie de l’iceberg de la philanthropie montréalaise.

M. Gauthier a saisi l’occasion pour annoncer la publication en octobre 2015, des résultats de l’analyse que la Fondation fait des «signes vitaux» du Grand Montréal, et en a profité pour rappeler que la philanthropie est l’affaire de tous. Merci pour cette initiative… en 2015 nous espérons un grand rassemblement des organismes de bienfaisance, de la philanthropie et du mécénat afin de mettre en valeur et remercier tous ceux qui agissent pour le développement de la communauté montréalaise.

À propos de la Fondation du Grand Montréal
La FGM est un organisme de bienfaisance dédié au mieux-être de la collectivité du Grand Montréal. À cette fin, elle crée et gère des fonds de dotation, en assure la saine gestion et en distribue les revenus de façon à soutenir des organismes locaux oeuvrant dans divers secteurs dont ceux de la santé, du développement social, des arts et de la culture, de l’éducation et de l’environnement.

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Source des statistiques :
Daniel Hansen
Le cabinet de relations publiques HANSEN
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Michèle Herblin
Chef de cuisine, Traiteur Petite Terrasse de Provence
Présidente du Rotary e-Club Premier, www.rotaryeclubpremier.org 
Partenaire de Cuisiniers Sans Frontières dans le projet « de la rue à la cuisine »