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La France a importé en 2015 près de 8 millions d’hectolitres de vin alors qu’elle en a vendangé 48 millions. Au-delà de la colère exprimée par les vignerons français face à la croissance des entrées de vins étrangers, un état des lieux et une réflexion s’impose sur l’avenir de la production française.

Nous avons eu l’occasion de parler du bilan positif de l’IGP Pays d’Oc qui a refait ses stocks grâce à une vendange 2015 généreuse après un millésime 2014 plus chiche en quantité. Une certaine stagnation des ventes a également contribué à refaire ces stocks dans un contexte de prix à la hausse qui a favorisé la concurrence étrangère, voire encouragé des producteurs français à importer des vins d’ailleurs et en particulier d’Espagne pour déclasser leurs marques en Vins issus de pays de l’Union Européenne.

La France a importé en 2014, 6,9 millions d’hectolitres (Mhl) essentiellement en vrac, dont 75% de vins en vrac essentiellement venus d’Espagne. Ce chiffre est monté à 7,8 Mhl 2015 pour un montant de 669 millions d’euros. En quelques années, la France est passée d’importateur résiduel à la quatrième position mondiale des importateurs de vins en volume derrière l’Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis, devant la Chine ou la Belgique. En valeur, en revanche, la France n’est même pas dans le peloton des dix premiers. Selon l’Organisation Internationale de la Vigne et du vin (OIV), cette progression est pour la France «le signe de son déficit structurel en vins d’entrée de gamme que ne parviennent pas à combler les successions de récolte au mieux moyennes quantitativement [et génèrent] la recherche de vins en vrac à prix bas, notamment auprès de l’Espagne.»

La progression des importations est au cœur des mouvement de colère chez les viticulteurs. InterOc, l’interprofession de l’IGP Pays d’Oc, avait cependant lancé au printemps des consultations et informations dans le vignoble sur cette question afin d’encourager le dialogue. D’autre part, dans son bilan de campagne 2015-2016, l’organisation relativise le poids de la concurrence étrangère par le prix vis à vis de l’IGP Pays d’Oc, expliquant qu’elle affecte une entrée de gamme surtout occupée par les vins de France: «une catégorie non différenciée, considérée comme une simple matière première. De nombreux transferts au profit de volumes de ces concurrents étrangers ont été opérés sur cette campagne pour approvisionner des marques françaises en premiers prix». Ces marques se tournent également vers l’Espagne et les Vins issus des pays de l’Union Européenne.

Au-delà du choix du label (nous restons là dans la légalité), les vignerons s’inquiètent (parfois violemment) de la possibilité de fraude. On l’a vu à Sancerre contre la plantation de vins d’IGP sur des terres d’AOC. On le voit avec les vins étrangers, on se souvient de l’affaire du camion espagnol en avril dernier, le Comité Révolutinonaire d’Action Viticole (CRAV) a revendiqué en début de semaine la mise à sac des bureaux de Vinadéis, ex-Val d’Orbieu, première cave coopérative du Languedoc-Roussillon et de France et important importateur de vins étrangers en vrac pour ses entrées de gamme auprès de la grande distribution.

Quelles sont les perspectives d’avenir ? La question des rendements trop faibles, du déficit de production de vins d’entrée de gamme après les arrachages subventionnés par l’Union Européenne jusqu’en 2011 ne verra pas de solution durable avant deux à trois ans: on commence à replanter avec non plus des droits mais des autorisations de plantation. Avec une vendange de moyenne quantité en France, on suivra la vendange espagnole avec attention. Et il faut se poser la question de savoir si, compte tenu de ses coûts de production et la faiblesse de ses rendements, la France n’a pas au contraire intérêt à sortir des segments d’entrée de gamme et à réinventer son cœur de gamme (lire à ce sujet l’interview d’Allan Sichel, nouveau président du CIVB). Si elle souhaite se maintenir dans les segments d’entrée de gamme, la question de l’adaptation du vignoble se pose inévitablement (mécanisation et irrigation).

L’Hémisphère Sud devrait nous laisser une marge de manœuvre cette année car la vendange 2016 était en forte baisse en Amérique du Sud, du fait des accidents climatiques générés par El Niño (-25% en Argentine et au Chili), tandis qu’en Afrique du Sud, à cause de la sécheresse et des feux de brousse, la production serait tombée en-dessous des 10 millions d’hectolitres, à son plus bas niveau depuis 2011. Côté vins de cépages, dans son bilan de campagne l’IGP Pays d’Oc estime que la production de l’Hémisphère Sud devrait se rétracter de 10%, leur interdisant le jeu sur les disponibilités et les prix. Reste à espérer une vendange française au rendez-vous en quantité. Or on peut se poser la question.

Emmanuel de Vaucelles, Info-Viti du 25 juillet 2016

La France, quatrième importateur mondial de vin

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