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Le 6 novembre 2009,

TEXTE DANS L'INTEGRALITÉ DE SON AUTEUR.


Jean-Luc Jault, professeur. Sommellerie-œnologie, suit l'actualité viti-vinicole du monde, et vous la livre, avec un grain de sel.

Commentaire

Les récents déboires de Robert Parker aux États Unis ( voir le condensé ci-après) illustrent d’ une manière criante l’ évolution de la critique du vin depuis deux décennies; là on le consommateur lambda avait besoin de gourous pour lui imposer des goûts pas toujours innocents ou désintéressés, on voit apparaître maintenant une nouvelle race de consommateurs qui ne prend plus les grands noms pour une garantie absolue de qualité ou probité, et qui en veut maintenant pour son argent, authenticité incluse..

Petits cadeaux, pots de vin, « concours » truqués, sans parler des différentes dérives qualitatives dues aux vins industriels, le monde du vin est malade, malade de son succès, de son snobisme, de sa course désespérée en avant. Toujours plus, plus d’ extraction, plus de chêne neuf, plus d’ alcool. Nos arrières grands pères vignerons se retournent sûrement dans leur tombe, avec des produits qui ne sont justement plus que des produits, et non plus l’ expression d’ un savoir faire et d’ une tradition…

Au Moyen âge, on disait que le vin devait être franc, loyal, constant et marchand…

Ou en sommes-nous, aujourd'hui??

Jean Luc Jault, prof. Sommellerie-œnologie,

Montréal.

Comment Internet a flingué le critique Robert Parker et démocratisé la dégustation.

Si vous n'êtes pas familier des forums de discussion sur le vin, la récente controverse où se trouve plongé le célèbre œnologue américain Robert Parker vous a sûrement échappé. Pour résumer: à travers sa revue, Wine Advocate, Parker a été surpris en train d'enfreindre ses propres règles contre les cadeaux promotionnels et les contacts rapprochés avec les importateurs de vin, tandis que l'un de ses contributeurs a accordé une très bonne note à un cru d' après un échantillon qui, visiblement, n' avait pas grand-chose à voir avec les bouteilles disponibles en rayon. Le rôle d'Internet est du reste l' aspect le plus pertinent de cette histoire, en ce qu' il laisse voir à quel point les nouvelles technologies ont transformé le lien qui unit œnologues et consommateurs. L' idée qu'Internet puisse transfigurer le rapport entre critiques et consommateurs relevait, jusqu' à récemment encore, de la simple conjecture tout le monde était d' accord pour dire que cela allait arriver un jour, mais on ne savait pas exactement quand. Avec l' affaire Parker, ce jour est arrivé.

Code de bonne conduite mis à mal

Au début du printemps dernier, Jay Miller, un proche ami de Parker qui écrit pour le Wine Advocate depuis quelques années, s' est offert un voyage purement touristique avec une groupe d' importateurs de vins dont il note les produits. Il s' est ensuite avéré que Miller avait également effectué des voyages tous frais payés en Argentine, au Chili et en Australie, et qu' un autre contributeur du Wine Advocate, Mark Squires, qui chapeaute le forum de discussion de Parker, avait aussi largement profité de ces séjours gratuits La nature de ces voyages, qui mettaient sérieusement à mal le code de bonne conduite de Parker, n' avait pas été détaillée aux lecteurs du Wine Advocate. Parker a toujours affirmé qu' il payait ses voyages de sa poche et qu' il évitait "l' hospitalité gratuite", afin de garder soigneusement ses distances avec l' industrie du vin. L' immense influence qu' il exerce repose en très grande partie sur la conviction qu 'ont les consommateurs de son intégrité et de son incorruptibilité.

Punition sans modération

Au départ, Parker a affirmé que les accusations portées contre ses collègues étaient «totalement fausses» et qu' elles étaient le fait d'«extrémistes». Cependant, au fur et à mesure que les détails embarrassants se multipliaient sur le blog de Dr. Vino, il a reconnu à reculons que des erreurs avaient été commises. Dans une lettre au rédacteur en chef postée sur son site (non reprise sur papier), Parker assurait qu' il avait traité le problème «de façon franche, transparente et publique.»

Toutefois, cette version des faits ne cadrait pas avec ce que les commentateurs de son forum avaient pu observer, et ceux qui ont eu l' audace de le faire remarquer ont été punis: certains ont vu leurs messages effacés, et au moins un commentateur de longue date a été privé de tous ses privilèges d' édition. En réaction, plusieurs personnes ont menacé de résilier leur abonnement au Wine Advocate (on ignore combien ont mis cette menace à exécution).

Un nouveau scandale

Évidemment, sans Internet, ces manquements à la déontologie n' auraient pas été dévoilés au grand jour et les retombées n' auraient pas été aussi spectaculaires. Et si Dr. Vino a révélé toute l' affaire, relayé ensuite par le Wall Street Journal, c' est in fine la pression exercée par ses propres lecteurs qui a obligé Parker à reconnaître ces écarts et à réviser son code de bonne conduite.

A peine le tumulte autour des voyages gratuits s' était-il calmé qu' un nouveau scandale éclatait. L' an dernier, Jay Miller a gratifié d' un 96 sur 100 le Sierra Carche 2005. C'était le premier millésime de ce cru, fabriqué à Jumilla [dans la région de Murcie], en Espagne, par la société viticole britannique qui distribue la marque Fat Bastard. Enthousiasmés par l'excellente critique de Miller, plusieurs adeptes de Parker se sont rués sur ce nectar... et beaucoup en ont eu le palais choqué. Particulièrement mauvais, ce vin n'avait rien à voir avec le breuvage décrit par Miller. L'un des goûteurs malheureux a écrit un mail au critique pour lui signaler la chose, et lui a même envoyé une bouteille afin de tirer au clair cette divergence criante entre notation et réalité. Miller n'a pas pris la peine d'ouvrir la bouteille, ce qui s'est su quand d'autres commentateurs du forum de Parker ont commencé à manifester leur propre déception devant le Sierra Carche. Et quand Miller a enfin débouché la bouteille qu'on lui avait envoyée, il l'a effectivement trouvée infecte.

Des internautes irrévérencieux

A l'instar d'autres niches journalistiques, la critique œnologique est en crise. Plusieurs journaux et magazines ont supprimé cette rubrique spécialisée, et si quelques grands noms, tels Parker, Robinson, Meadows ou Tanzer, peuvent encore faire payer leur avis, la critique œnologique en ligne est à vrai dire fort peu rentable. Avec une multitude de conseils œnologiques gratuits à portée de clavier, la demande de critiques payantes, qui n'a jamais été élevée, se réduit de plus en plus. Dans le même temps, les pays qui produisent de bons vins sont de plus en plus nombreux, tandis que les prix des grands crus ont explosé.

Quand les critiques des critiques deviennent eux-mêmes œnologues

L'affaire de Miller, Squires et de leurs séjours gratuits signale donc par ailleurs que l'économie de la critique œnologique a évolué, et que les règles établies par Parker il y a 30 ans - pas de publicité, pas de cadeaux promotionnels, achat de la plupart des vins testés - ne sont plus tenables, pas même pour son créateur. (Parker dit aujourd'hui acheter «plus de 60%» des vins qu'il déguste, par rapport aux «plus de 75%» qu'il annonçait l'an dernier. Pourtant, en 2006, l'assistant de Parker avait dit au New York Times que «la plus grande partie» des vins qu'il goûtait provenait d'échantillons gratuits.)

Mais pour les critiques œnologues, le défi posé par Internet en termes de communication est tout aussi redoutable que le défi économique. Car les lecteurs ne se contentent plus d'utiliser la Toile pour comparer scrupuleusement les critiques, ils l'utilisent pour se faire eux-mêmes œnologues. L'exemple le plus frappant de cette tendance est CellarTracker (1); créé par un ancien responsable de Microsoft, Eric LeVine, ce programme de gestion de cave à vin en ligne possède aujourd'hui une base de données de plus d'un million de vins notés, et il est devenu un haut lieu d'échange d'informations et de conseils œnologiques. Amateurs de vin y dissertent entre eux, convaincus du bien-fondé de la sagesse populaire. Sans s'être substitué aux œnologues professionnels, CellarTracker les oblige toutefois à justifier comme jamais de leur raison d'être.

Mike Steinberger , paru dans Slate.fr, 3 octobre 2009

http://www.slate.fr/story/11127/grace-au-net-nous-sommes-tous-des-oenologues


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