15 Janvier 2015 Par Édith Mercier

Quand j'ai commencé l'élaboration de mon tout premier voyage œnotouristique à Bordeaux, j'avais beaucoup d'ambition. Je voulais toucher les graves, voir la fameuse Gironde dont j'avais tant entendu parler, entendre le vent venir de la forêt des Landes, goûter le merlot et le cabernet sauvignon, sentir le vin comme je ne l'avais jamais senti, mais surtout je voulais rencontrer les gens qui vivent de la vigne.

Je désirais les entendre me raconter leur histoire, me parler de leur terre, de leurs baies. Je souhaitais savoir ce qui les anime dans leur métier et aussi ce qui les pousse à perpétuer, année après année, l'élaboration du divin nectar.

Tout d'abord pressentie comme une visite semblable à toutes les autres, j'ai vite changé d'avis au fur et à mesure que Marion Cousin, contact de presse pour le domaine Rollan de By, me parlait de l'histoire de ces Châteaux et de son propriétaire. Je suis littéralement tombée sous le charme du domaine lorsque son propriétaire, Monsieur Jean Guyon est venu se joindre à nous afin de poursuivre ma visite.


Ancien décorateur d'intérieur, M. Guyon a acquis ses 2 premiers hectares de vignes en 1989 afin assouvir sa soif de connaissance dans le domaine de la viticulture. Rapidement passé d'amateur passionné à vigneron chevronné, son domaine compte maintenant pas moins de 185 hectares répartis en 7 châteaux.

Parmi ces châteaux, 4 sont classés crus Bourgeois :

1. Château Rollan de By
2. Château Tour Seran
3. Château La Clare
4. Château Greysac

À eux seuls, ils produisent pas moins de 1 000 000 de bouteilles par année. Bénéficiant d'un climat océanique tempéré et constitué de graves, de sable ainsi que d'argile, le Domaine Rollan de By accorde plus de 60 % de sa terre à la plantation du merlot. Le cabernet sauvignon, le cabernet franc et le petit verdot se partagent les 40 % restant. Les vinifications sont parcellaires afin d'identifier le meilleur de chaque cépage et de chaque hectare de terre. Ici, on prend soin de la terre en pratiquant la culture raisonnée, en limitant l'utilisation de pesticides et de soufres, mais aussi en plantant des céréales entre les rangs de vignes afin d'absorber l'eau et de faire travailler davantage le système racinaire de la plante.

En visitant les installations, j'ai été à même de constater l'ampleur du Domaine. Celles-ci ont pignon sur rue un peu partout dans le Hameau de By; les châteaux, les bureaux administratifs, le chai, les cuveries (j'en ai visité 2, au total c'est près de 70 cuves que le domaine comporte), les entrepôts et même un hôtel comprenant 6 chambres.

Avec toute cette amplitude de par la grandeur de ce Domaine, nous serions portés à croire que c'est un immense business et que le cœur et l'homme est loin derrière toute cette machine. Mais c'est totalement faux. Enthousiaste et jovial, M. Guyon m'a fait visiter sa toute nouvelle cuverie, entrant en fonction pour ce millésime. Ces nouvelles cuves, fabriquées selon ses spécifications, sont plus larges que hautes, maximisant ainsi le contact du jus avec le marc. C'est après quelques années d'essai et des tests « maisons » qu'il a finalement donné le feu vert à la mise en place de cette nouvelle cuverie.


Aussi, il planche présentement sur un nouveau projet de barrique intégrée dans lesquelles tout le processus de vinification se déroulera. Bref, tout ça dans le but de minimiser le contact du vin avec l'oxygène. De la fermentation alcoolique, grâce à une thermorégulation interne, à l'élevage et en passant par la malolactique, cette nouvelle barrique est encore en période d'essai et M. Guyon semble convaincu qu'il obtiendra des résultats plus que prometteurs pour son nouveau projet.

C'est exactement ce type de personnage du vin que je souhaitais rencontrer lorsque j'ai commencé à organiser mon voyage. Ces personnes qui ne s'arrêtent pas aux 2000 ans d'histoire de la vigne dans leur patelin et qui tentent d'innover toujours plus. J'ai rencontré un homme qui ne cherche pas à contredire ce que sa terre lui offre, mais tout simplement à moderniser ce sur quoi il peut réellement avoir un impact significatif.

En ce qui concerne les vins, ils se veulent comme étant des vins de plaisir immédiat. Parce que peu de gens peuvent se permettre de laisser vieillir leurs bouteilles, M. Guyon privilégie les vins conçus pour être bus tôt après leurs mises en bouteille. Il s'est entouré des meilleurs collaborateurs pour l'aider à l'élaboration de ses vins tels que Andreas Larsson, meilleur sommelier du monde 2007, Alain Raynaud, oenologue et Ricardo Cotarella, oenologue également.

Vous trouverez ici au Québec quelques bouteilles que j'ai eu le privilège de déguster là-bas. En commençant par le Château Greysac 2011 avec des tanins bien intégrés et ses arômes sur le fruit, il laisse une légère amertume au final. Ensuite, les versions 2010 et 2011 du Château Rollan de By sont très différentes. Les tanins sont encore fermes pour le 2010, alors que le 2011 présente déjà une étonnante souplesse. Finalement, le Château Haut Condissas 2009 est pour le moins très charmeur au nez.

J'espère que, comme moi, vous tomberez sous le charme des vins du Domaine Rollan de By à défaut de tomber sous le charme du site et de l'homme.

• Château Greysac 2011, Producteur Greysac S.A., Cru Bourgeois, Médoc, France, Code SAQ 896274, 25.90$, Agence Société Commerciale Clément.
• Château Rollan de By 2010, Producteur Jean Guyon, Cru Bourgeois, Médoc, France, Code SAQ 11571837, 29.00$, Agence Société Commerciale Clément.
• Château Haut Condissas 2009, Producteur Jean Guyon, AOC Médoc, France, Code SAQ 12400132, 54.00$, Agence Société Commerciale Clément.

@bientôt
Edith Mercier
La Cépagienne