23 Mars 2016
Minéralité, bouchons, motoneige, terroir, sucre, tricherie ne sont là que quelques-uns des nombreux sujets que j'ai eu le loisir de discuter avec monsieur Gérard Cherrier, vigneron au Château de Sancerre. C'est au Thursday's Bistro, le 24 février dernier, que l'agence Trialto m'avait conviée. Monsieur Cherrier profitait de ses vacances au Québec en joignant l'utile à l'agréable.
En effet, il n'en était pas à sa première visite parmi nous. Presque à chaque année, il s'offre une petite virée de motoneige dans la belle province avec quelques copains. Il a eu l'amabilité de venir rencontrer sommeliers, journalistes, blogueurs, cuisinomanes* et lauréats de concours, le temps d'une soirée haute en couleur.
Appartenant à la grande famille Marnier Lapostolle, propriétaire du Grand Marnier, Château de Sancerre n'avait que 9 ha en 1973. En 2016, ce sont près de 55 ha qui servent à l'élaboration de leurs vins. Monsieur Cherrier le sait puisqu'il y travaillait en 1973. Employé depuis plus de 42 ans, il a tranquillement gravi les échelons, pour maintenant se retrouver à la tête du chai.
Les Châteaux de Sancerre, c'est une histoire d'assemblage. Le vigneron s'amuse lors de ses vinifications. Mais comme les blancs sont exclusivement de Sauvignon, vous aurez deviné qu'il exploite ce que la terre lui donne. C'est donc en mélangeant sols kimméridgien, calcaire et silex qu'il obtient une étonnante complexité dans chacune de ses bouteilles. L'assemblage de ces trois terroirs est au cœur de son travail.
Nous avons été accueillis avec un Magnum du Château de Sancerre Blanc 2014 (IP, 62,25$, format 750 ml #SAQ 164582, 26$) au nez d'agrumes, légèrement herbacé, muni d'une touche de minéralité, ce sauvignon affiche une droiture et une justesse remarquable. L'acidité y était palpable et servi avec de délicieuses bouchées de fromage de chèvre, c'était à se jeter par terre.
Premier sujet de la soirée: les bouchons. Quand doit-on mettre une capsule à vis? Quand doit-on offrir un bouchon de liège? Là est la grande question. Selon monsieur Cherrier, un vin ayant besoin d'un vieillissement en cave devrait être muni d'un bouchon de liège, puisque ceux-ci nécessitent un contact modéré avec l'oxygène. Ceux de consommation courante, quant à eux, pourraient être garnis d'une capsule à vis, afin de conserver leurs attributs de jeunesse. Je dois admettre que je partage son opinion sur ce point.
Le grand sujet fut sans aucun doute la minéralité dans le divin nectar. Il est déjà connu que la vigne ne transporte aucun minéral à ses baies. Alors comment se fait-il que l'on puisse avoir une telle impression dans plusieurs vins? Je peux d'ores et déjà vous dire que nous n'y avons pas trouvé d'explication, mis à part peut-être une mauvaise interprétation de la sensation de l'acidité.
Le porte-étendard du Château de Sancerre nous a aussi présenté le millésime 2012 de la version rouge (IP, 32,25$). Pourvu d'un nez aromatique, de cerise noire, de framboise et soutenu par une finale balsamique, ce pinot noir était pour le moins trompeur. Laissant présager un vin tout en souplesse et suave, l'acidité y était très vive et les tanins bien présents. Compte tenu de ce côté gustatif encore trop tranchant, je le laisserais vieillir un bon 3 ans.
Finalement, nous avons eu droit à une petite verticale de la cuvée Connétable (2010, SAQ Signature, 12888449, 50$, printemps 2016). Élaborés avec le Sauvignon Blanc des meilleures parcelles, les millésimes 2008, 2010 et 2012 avaient eux aussi des secrets bien cachés. Je me suis moi-même laissée surprendre en inversant le 2008 et le 2012. Le côté olfactif du 2008 était très exubérant, alors que le 2012, plutôt subtil. Encore ici, monsieur Cherrier façonne ses vins en assemblant 1/3 de sa cuvée en élevage inox et 2/3, en fût de chêne.
En conclusion, une belle soirée, bien entourée, durant laquelle nous avons échangé sur une multitude de sujets en passant des vins putassiers aux aléas de Mère Nature. Rencontre avec un homme passionné et passionnant, qui possède plusieurs années de métier à confesser et ça tombe bien, puisque je ne manque pas d'oreille pour l'écouter à nouveau.
Et un gros merci à l'agence Trialto, vous êtes des hôtes remarquables.
Édith Mercier alias La Cépagienne
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* Francisation du terme « Foodies », selon l’Office de la langue française.
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